Les racines chrétiennes de la paroisse Porte des Cévennes.
Un bien vaste sujet, sur lequel il n'y a pas eu d'études particulières.
Les racines chrétiennes ? Il est difficile de les dater, l’évangélisation du pays a dû se faire peu à peu à partir de Maguelone qui a été fondée au VIe siècle (le premier nom d'évêque connu date de 589) voire à partir des abbayes d'Aniane et de Géllone.
Quand, par qui, comment cette évangélisation s'est-elle faite ? Nous l'ignorons.
Le témoignage de l'existence de communautés chrétiennes est le plus souvent la construction des églises.
Mais il a dû se passer du temps entre la naissance de ces communautés et la construction de ces églises, que les archéologues nous aident à dater aujourd'hui.
D'abord examinons le cas de Ganges où la première église daterait du début du XIIe siècle soit en 1116, un acte sur le cartulaire de Maguelone en parle - volume six pages 85 à 87- (C’est celle qui fut détruite à l'arrivée du calvinisme en 1561).
La seconde église fut construite en 1686 et la troisième, l'actuelle, en 1866.
Ganges a toujours dépendu du diocèse de Maguelone, à noter qu'en 1473 Jean de Bonnal natif de Ganges, devint évêque de Maguelone.
Au cours des siècles, ce qui a marqué l'histoire du christianisme à Ganges, ce fut la réforme en 1560, sous l'influence du pasteur Tartas, la Ville devient rapidement presque totalement protestante.
En 1587 Oudot de Dainville (Archiviste de l’Hérault-1932) nous dit qu’ils administrent la ville à tous les niveaux (administratif, spirituel) et décident des affaires, importantes ou non.
Après la paix d’Alès en 1629, il y a un grand nombre d'abjurations, intensifiées par les dragonnades entre 1683 et 1685.
Suite à la révocation de l'édit de Nantes en 1685, il y eut une réaction des protestants qui entraîna la guerre des camisards, de 1702 à 1705, avec ses violences et ses drames.
Toutefois en 1744 on note une renaissance protestante.
D’autres lieux, comme le village de Laroque, restent catholiques ; lors d’une visite pastorale en 1657 il est dit « Il n’y a pas de Hugenot dans la paroisse », mais l’église Ste Madeleine située hors des murailles, a été endommagée par eux.
Revenons à la vie chrétienne à Ganges, qui a permis la naissance des Cordeliers ou franciscains, qui s'y implantent en 1220 et 1270 (à l’emplacement du temple) alors que les Capucins viendront plus tard (la Présentation) en 1686.
Sans oublier les Dominicaines qui furent fondées chez nous en 1856, d'abord installées au Château de la Marquise de Ganges en plein centre-ville, puis dans leur monastère construit en 1894 (au tènement de Châteaubrun, au quartier et de Fontainebleau). Devenu maintenant maison de retraite, ce lieu de prière et de service attira beaucoup de jeunes filles du secteur, au XXe siècle. Notons que Sœur Claire fut honorée, pour son dévouement au cours de la dernière guerre et reçut la légion d’honneur.
Alors qu'en est-il des racines chrétiennes de notre secteur ?
D’un rapide coup d’œil, car chacune de ces églises ou chapelles ont fait l’objet d’historique dans la partie « village ».
Il faut noter qu’Agones est peut-être un des premiers sites évangélisés.
En effet il possède deux églises soit : Saint Saturnin qui est l'église paroissiale actuelle.
Sous ce patronage, cette église romane est citée en 958 d'après les informations données par l'abbé Giry (son clocher a été démoli en 1562, par les protestants.)
Sur la montagne (St Micisse) qui surplombe le village, se trouve « Saint Vincentian » un prieuré qui dépendait du chapitre de Maguelone. Il est cité en 926 et 929 par le cartulaire de Géllone.
Construite sur les vestiges d’un oppidum gallo-romain, elle daterait de l'époque carolingienne ou même wisigothique (un prieuré du chapitre de Maguelone au XIIe s. aurait succédé a un monastère de femme -Xe s. nous dit Pierre André Clément).
À noter que le petit village d’Agones, sur le plan civil, a été chef-lieu d’une viguerie carolingienne en 899 (mention du cart. de Maguelone) et, sur le plan religieux, il a été archiprêtré (Agones est également mentionné à plusieurs reprises, comme castrum en 924 puis 958 et même forteresse du haut moyen âge, avec Substantion).
- Le Suc avec le sanctuaire de ND du Suc, témoigne d’une activité spirituelle antique, puisque son histoire et la tradition populaire la fait remonter au VIIIe siècle.
Au Xe siècle St Fulcrand, évêque de Lodève (de 949 à 1006), y serait venu en pèlerinage. Cette dévotion existait donc déjà.
- Baucels – « l’Eglisette » date certainement du milieu du XIIe siècle, sous le vocable de St Jean Baptiste.
Nous sommes sur ce tènement, aux limites administratives du diocèse de Nîmes, mais l’évêque de Maguelone, en qualité de baron de Sauve en est le seigneur.
Pour un temps occupé par les moines de St Jean de Jérusalem, « ces humbles religieux cédant à la tourmente (religieuse), firent un abandon de leurs terres au chapitre de Nîmes, qui fut chargé du soin d'y entretenir le service divin… » (dit : le père Jean-Baptiste Poitevin, mais un fait confirmé par un ancien prieur.)
Cette église devient du département de l'Hérault, à la création de ceux-ci (après la révolution). Plus tard Baucels est rattaché à Moules (1836) pour ne former qu'un seul village, Moules et Baucels.
Brissac : un ancien prieuré relevant de l'abbaye d'Aniane, il est mentionné à la moitié du XIe siècle, mis aussi à 1122 dans le cartulaire de Gellone. Abbaye avec lequel Brissac a beaucoup de relations dès le début du XIe siècle. Il convient de signaler l'hôpital de Val Boissière, placé sur les chemins de Saint-Jacques à St Guilhem le désert (mentionné en 1207 et 1248) et le sanctuaire de ND du Suc tout proche.
Laroque : d'après l’Abbé Manissier, les actes fondateurs de cette paroisse la font monter à 1155.
Dans le BULLAIRE DE L'ÉGLISE DE MAGUELONE - T.1-p.91.
« Laroque-Aynier est un petit village près de Ganges. Jusqu’en 1156 il avait été réuni à cette dernière paroisse.
A cette époque, il en fut séparé et devint un prieuré ayant pour patron saint Jean, titulaire de la chapelle du château. Au cours du XVe siècle, on voit apparaître l'église de Sainte-Marie-Madeleine, bâtie près de l'Hérault, en dehors des murs du village, qui dès lors fut patronne
du lieu, malgré l'existence, jusqu'à nos jours, de l'antique église seigneuriale, dont le titulaire St Jean l’évangéliste resta longtemps encore celui de la paroisse.. »
- St Jean l’évangéliste : cité dans d’autres recueils, d’actes officiels.
Donc 3 églises : St Jean l’évangéliste, chapelle castrale jusqu’en 1155, Ste Madeleine construite vers le XIIe siècle . N’oublions pas St Brès qui n’est pas cité dans ce bullaire. Construite pas des moines de la région elle serait sans doute antérieure à la chapelle castrale, et servait d’asile aux voyageurs (mentionnée en 1156, dans le cartulaire de Gellone).
A noter également, un sanctuaire marial, aujourd’hui disparu, situé en 1414 sur le chemin de Laroque à Ganges.
Pour les autres églises du secteur voir : les pages village « Les 13 clochers ».
La foi, qui anima les familles et les communautés de ce secteur, permit l’éclosion de nombreuses vocations dont les plus illustres sont : Jean de Bonnal né à Ganges et devenu, nous l’avons dit, évêque de Maguelone en 1473 ; le père Fernand Portal « apôtre de l’union des églises » né a Laroque en 1855.
Conclusion :
Il semblerait donc que le christianisme se soit implanté dans notre petite région, entre le VIIIe et le Xe siècle, le temps que se constituent des communautés villageoises, importantes pour justifier des actes officiels entre elles et l’évêché de Maguelone (vers le VIe S) (qui en sont les premières traces) ou les diverses abbayes du secteur.
Aniane, fondée en 782 par le futur Saint-Benoît d'Aniane et Géllone, fondé en 804 par Guillaume comte de Toulouse (canonisé en 1066 sous le nom de St Guilhem).
Pour ce qui est des églises ou chapelle Romanes (ou pré - romane du VIe siècle l’époque des Mérovingiens) ces constructions ont dû demander plusieurs décennies de travail.
Pour avoir une idée: «… dès le Xe siècle, les ducs de Normandie décident de construire une nouvelle église sur le Mont-Saint-Michel. C’est ainsi qu’en 966 s’établit l’ordre des moines bénédictins, à qui l’on doit l’abbaye romane qui fut édifiée au XIe siècle. La merveille que nous connaissons aujourd’hui est le résultat d’un chantier qui a duré soixante ans... »
- autres infos : En l'espace de trois siècles, de 1050 à 1350 (deuxième âge Roman), la France a extrait plusieurs millions de tonnes de pierre pour édifier quatre-vingts cathédrales, cinq cents grandes églises et quelques dizaines de milliers d'églises paroissiales".
La construction d'une chapelle ou d’une église se fait sur une longue durée, de 10 à 30 ans, parfois davantage. Les premières mentions d’églises ne donnent donc, qu’une date approximative mais bien significative de l’existence des premières communautés chrétiennes.
-Ab. Marcel GUY –
F.B