Historique de l’église Saint Saturnin d'Agonès

L’église Saint Saturnin d’Agonès, isolée sur une colline avec son cimetière, est mentionnée pour la première fois dans le cartulaire de Maguelone en 1218¹ : parrochia San Saturnini, c’est à dire paroisse de Saint-Saturnin.

Elle a subi au cours des temps de nombreuses réparations et transformations.

Au XIIe siècle :

C’est l’époque de sa construction.

Orientée est-ouest, on retrouve les éléments caractéristiques de l’architecture romane du Languedoc, c'est-à-dire la succession de trois volumes : une abside avec dans son prolongement la travée de chœur plus élevée et la nef unique, qui à l’origine devait avoir une voûte en berceau (comme les églises de Brissac, Saint Etienne d’Issansac, Saint André de Buèges, Saint Jean de Buèges).

L’entrée se trouvait sur le côté ouest.

De ce XIIe siècle² ne subsiste que l’abside, voûtée en « cul-de-four », avec sa fenêtre dite « à double ébrasement » c'est-à-dire qu’elle s’évase à l’extérieur et à l’intérieur.

Au XVIe siècle :

Les huit guerres de Religions qui se sont succédées en France de 1562 à 1598³ n’ont pas épargné la petite église d’Agonès : sa nef a été détruite avec la voûte, le clocher et les cloches.

Cette nef a été reconstruite entièrement avec un toit à charpente, vraisemblablement au XVIe siècle.

Soixante dix ans après la fin des conflits, en 1668, le prêtre Villar indique dans les registres, qu’il a fait faire au mois de novembre, les cloches et le clocher n’y en ayant pas eu depuis les Guerres de Religions.⁴

Au XVIIe siècle :

En 1643 l’évêque de Montpellier, Pierre de Fenouillet, donne à l’église un tableau fait à l’huile que estant le portait de Saint-Saturnin, patron du lieu⁵ ; tableau qui est toujours accroché dans la nef côté sud.

En 1672 la chapelle Notre Dame de Pitié (actuellement à droite en entrant) est édifiée ; le prêtre Villar y célèbre la première messe le huit décembre de cette même année, fête de l’Immaculée conception.

La maison claustrale (presbytère) qui était « une vielle masure » et dans laquelle le curé ne pouvait pas habiter, sera complètement refaite en 1689, à l’ouest de l’église. Aujourd’hui il n’en reste plus que des ruines, un escalier et un bel oculus avec la date de sa construction.

Au XIXe siècle :

Les murs de la nef sont surélevés d’un mètre ; la sacristie est démolie puis reconstruite.

L’entrée va se faire côté sud : on ajoute un porche en 1888  (la date est inscrite sur la fenêtre au dessus du portail)  surmonté d’un clocher ; on casse le mur de la chapelle Notre Dame de Pitié et celui de la nef pour communiquer avec la nouvelle entrée ; l’église se trouve agrandie.

Au XXe siècle :

En 1954 la toiture est réparée.

Un contrefort côté nord, vestige du temps où la nef était voûtée, est arasé parce qu’il menaçait de s’écrouler ; le deuxième est encore debout.

Le clocher est reconstruit en pierres apparentes.

A voir :

A l’intérieur, dans l’entrée à gauche, l’inscription gallo-romaine sur une pierre calcaire de 70 cm sur 13 cm, remployée en croix : il s’agit d’une dédicace à des divinités locales « Les Mogontiennes » faite par Ocratcius Fronton fils d’Ocracius (notre ancêtre gallo-romain ?).

Cette inscription, étudiée par l’archéologue Guy Barruol⁶, daterait de la seconde moitié du IIe siècle de notre ère ou du début du IIIe siècle. Elle a été trouvée dans le cimetière après la guerre de 14-18 alors qu’on érigeait le monument aux morts.

A voir aussi à l’extérieur, sur le chevet et sur le mur nord de la nef, les restes de litres funéraires. Il s’agit de bandes noires que l’on peignait lors des funérailles du seigneur ; à l’origine les litres (mot féminin) étaient des étoffes noires que l’on tendait à l’intérieur de l’église, puis on prit l’habitude de les peindre.⁷

Catherine Gay-Petit

Définitions :

Abside : extrémité Est de l’église, dans le prolongement de la nef.

Nef : partie de l’église comprise entre la façade et le chœur.

Cul-de-four : voûte qui a la forme d’une demi-coupole.

Travée de chœur : partie comprise entre la nef et l’abside.